5/04/2022

Droit immobilier, trouble anormal de voisinage

I. DROIT IMMOBILIER Le droit immobilier concerne toutes les branches du droit qui touchent aux immeubles, que ce soit les différentes responsabilités en matière de construction, les rapports entre propriétaires…
Article écrit pari-com
5/04/2022
Trouble anormal du voisinage

Trouble anormal du voisinage

I. DROIT IMMOBILIER

Le droit immobilier concerne toutes les branches du droit qui touchent aux immeubles, que ce soit les différentes responsabilités en matière de construction, les rapports entre propriétaires et locataires, les rapports entre voisins.

II. TROUBLE ANORMAL DE VOISINAGE

Les troubles anormaux de voisinage sont des nuisances qui excèdent les inconvénients normaux de voisinage. Ils peuvent être sanctionnés même si leur auteur n’a commis aucune faute, qu’il occupe le local en tant que propriétaire, locataire, ou même occupant sans droit ni titre.

Les troubles peuvent être de toute nature : bruits, agressivité, inondations, odeurs …

Cette théorie se fonde sur les articles 544, 1240 et 1241 du Code Civil :

Article 544 du Code Civil : « La propriété est le droit de jouir et de disposer des choses de la manière la plus absolue, pourvu qu’on n’en fasse pas un usage prohibé par les lois ou les règlements ».

Article 1240 du Code Civil : « Tout fait quelconque de l’homme, qui cause à autrui un, dommage, oblige celui par la faute duquel il est arrivé à le réparer ».

Article 1241 du Code Civil : « Chacun est responsable du dommage qu’il a causé non seulement par son fait, mais encore par sa négligence ou par son imprudence ».

L’occupant d’un immeuble souhaite assigner en responsabilité sur le fondement des troubles anormaux du voisinage ses voisins nouvellement propriétaires.

Il demande en Justice la réalisation des travaux nécessaires pour faire cesser les infiltrations d’eau endommageant son pavillon avec dommages et intérêts. Ces infiltrations ont pour origine des fuites sur le réseau enterré de la propriété voisine. Or, la propriété avait été vendue auparavant, quelques mois avant l’action en justice. Le jugement et la cour d’appel ont fait droit aux demandes en indemnisation dans la proportion de 60 %, mais le voisin forme un pourvoi en cassation, au motif qu’il n’est pas l’auteur des troubles, venant tout juste d’acheter l’immeuble.

La Haute Juridiction confirme ; l’action fondée sur un trouble anormal du voisinage est une action indépendante de toute faute qui permet à la victime de demander réparation au propriétaire de l’immeuble à l’origine du trouble, lequel est responsable de plein droit même s’il n’est pas personnellement à l’origine.

Ayant constaté que le trouble subsistait lors de la vente de l’immeuble à l’origine du désordre, « la cour d’appel en a exactement déduit que la responsabilité des nouveaux propriétaires devait être retenue. Peu importe que ces derniers n’étaient pas propriétaires du fonds au moment où les infiltrations ont commencé à se produire ».

Le nouveau propriétaire recueille avec l’immeuble l’obligation de réparer le préjudice du voisin.

Il convient de se féliciter de cette jurisprudence protectrice des victimes de troubles anormaux de voisinage, que nous pourrons utiliser devant les tribunaux de notre ressort habituel (Tribunaux de DIJON, BESANÇON, CHALON-SUR-SAÔNE, LONS-LE-SAUNIER, CHAUMONT).

Jean-Christophe BONFILS

AVOCAT Dijon

Voyez notre rubrique CONSTRUCTION, LOCATION, DROIT IMMOBILIER

F.A.Q

Quel est le juge compétent au regard de la matière ?

Le juge compétent en fonction de la matière dépend de la nature de l’affaire :

Pour les litiges civils de la vie courante, c’est le tribunal judiciaire civil qui est compétent : en procédure orale jusqu’à 10 000 €, et en procédure écrite au-dessus de 10 000 €.

Pour les saisies et l’exécution des décisions de justice, c’est le juge de l’exécution.

Pour les litiges du travail, ce sont les conseils des prud’hommes.

En matière de conflits familiaux et de séparation, c’est le juge aux affaires familiales.

Pour protéger les mineurs en danger, c’est le juge des enfants.

Pour juger les mineurs poursuivis pénalement, c’est le tribunal pour enfants.

Pour juger les majeurs poursuivis pénalement, c’est le tribunal correctionnel.

Entre commerçants, c’est le tribunal de commerce.

Pour les plaintes en matière pénale, c’est le Procureur de la République, ou s’il n’a pas donné suite à cette plainte, le Juge d’instruction près le tribunal judiciaire.

Toutes ces juridictions sont regroupées au sein du tribunal judiciaire de chaque ressort géographique.

Quel est le juge compétent en fonction du lieu ?

La compétence géographique de base, c’est le tribunal qui correspond au domicile du (ou d’un) défendeur.

En matière contractuelle, on peut choisir par exception le tribunal du lieu d’exécution du contrat.

En matière délictuelle (faute civile comme un accident), on peut choisir le tribunal du lieu des faits.

En matière de succession, c’est toujours le dernier domicile du défunt.

Comment exécuter une décision de justice

Vous devez transmettre l’original d’une décision de justice exécutoire à un commissaire de justice ; le principe est dorénavant l’exécution provisoire systématique, même en cas d’appel.

Le commissaire de Justice est un professionnel chargé d’exécuter les décisions de justice, il dispose de différentes voies d’exécution, comme la saisie bancaire ou immobilière.

L'assistance par un Avocat est-elle obligatoire ?

Elle ne l’est pas dans toutes les procédures, même si l’obligation de représentation par un Avocat a été considérablement étendue.

La représentation par un Avocat est obligatoire par principe devant le tribunal judiciaire, même en référé, sauf dans certaines matières précises en dessous de 10 000 € comme le contentieux électoral.

La représentation par avocat est obligatoire devant le juge de l’exécution au-dessus de 10 000 €.

Au tribunal de commerce, y compris en référé, la représentation par avocat est aussi obligatoire au-dessus de 10 000 €.

La représentation par avocat n’est pas obligatoire devant le Juge Aux Affaires Familiales SAUF en matière de divorce, séparation de corps, et liquidations patrimoniales.

Au conseil des prud’hommes, l’Avocat n’est pas obligatoire en 1ère instance, mais en appel oui.

En matière pénale, l’assistance par un Avocat n’est pas obligatoire SAUF pour la CRPC (comparution sur reconnaissance préalable de culpabilité), devant une Cour d’Assises, et pour les mineurs.

Quelle responsabilité en cas d'accident de la circulation ?

Le conducteur responsable ne peut pas opposer la force majeure ou le fait d’un tiers à la victime pour la priver d’indemnisation. La seule cause d’exonération pour le conducteur est la faute de la victime, selon qu’elle a la qualité de conducteur, ou non.

La victime non conductrice peut se voir opposer sa propre faute uniquement dans deux hypothèses :

1. Elle a volontairement recherché le dommage (la victime a tenté de se suicider).

2. Lorsque la faute de la victime est inexcusable et cause exclusive de l’accident.

Dans ce cas, le conducteur est totalement exonéré, et ne doit aucune indemnisation SAUF exception : la faute inexcusable n’est pas opposable aux victimes non conductrices de moins de 16 ans, et de plus de 70 ans ou ayant un taux d’invalidité d’au moins 80%.

Lorsque la victime à la qualité de conducteur, l’exonération de l’autre conducteur impliqué pourra être partielle ou totale en fonction du degré d’implication de la faute de la victime dans la réalisation de son préjudice.

S’agissant de l’indemnisation des dommages matériels, toutes les victimes peuvent se voir opposer leur faute par le conducteur dont le véhicule est impliqué, pour limiter ou exclure l’indemnisation.

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